- Vignettes -
Quelques récits de vie collectés ici ou là
et ramenés dans nos sacoches...
Les récits qui suivent ont été collectés au cours de veillées organisées chez l'habitant ou dans des lieux publics, dans les départements de l'Ain, de la Haute-Savoie et en Suisse.
Ces veillées ponctuent la première partie du projet La Roue (qui) Tourne.
" Cul de jatte.
Enfant, mon grand-père me demandait de lui gratter le pied.
Enfant, je faisais semblant de gratter un pied qui n’existait pas.
C’était pour moi un jeu, pour lui un véritable soulagement.
Aujourd’hui… Je suis infirmière. "
« Toi et tes origines obscures ! »
Sa mère avait entendu si souvent cette phrase dans sa vie.
Bretonne, elle avait été abandonnée, tout bébé, et n’avait jamais connu la mer.
Pourtant, elle avait transmis à sa petite-fille, Muriel,
le goût des hortensias et la saveur de la mer.
Un amour inconditionnel pour le bleu mer et le ressac de l’océan,
deux éléments qui seront pour Muriel toujours des éléments réparateurs.
" On l’avait retrouvé dans une grange, soldat très mal en point, mourant échoué dans ce hameau.
Il portait un uniforme bigarré, non reconnaissable. Était-il italien ou autrichien ? Ami ou ennemi ? Tout le hameau en avait pris soin, on l’avait soigné, remis sur pied. Mais l’homme n’avait jamais voulu dire ni quel était son nom, ni d’où il venait. « Guerrerio », c’est le nom que le village a fini par lui donner. Guerrerio, c’est le nom de famille que l’arrière-grand père d’Odile leur a transmis. "
" J’ai un lien particulier avec ma grand-mère, Bonne Maman
qui était très gourmande, ce que je suis aussi.
Qui était bonne cuisinière, ce que je pense être aussi.
Et qui est morte en riant devant un film de Fernandel,
ce que j’espèrefaire aussi, avec ou sans Fernandel.
Et je ne vous parle pas des rondeurs que je suis en train de prendre
et qu’elle avait aussi. "
" Je me suis fait vacciner
contre ma grand-mère. "
" Ma grand-mère, symbole de la femme libre, pour moi.
Née en 1906, une famille bourgeoise, elle a voulu épouser un apprenti.
Elle a dû quitter sa famille, a cassé et mis à la poubelle sa petite vie de bourgeoise
pour épouser l’homme qu’elle aimait vraiment.
Rejetée par sa propre famille, elle a longtemps été méprisée.
Elle est pour moi une véritable lumière, et un guide :
Faire un peu, juste un peu mais quand même un peu, ce que je veux ! "
" Mon grand-père a été prisonnier pendant la guerre de 14-18.
Durant sa détention, il a fait un jeu de domino : le dessous en bois, le dessus blanc avec des petits clous pour les chiffres. Depuis ses enfants ont joué avec, puis ses petits-enfants,
et le jeu sert toujours aujourd’hui avec les arrières petits-enfants.
Il ne manque pas une seule pièce ! Toutes les générations y font très attention. "